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« J’ai gagné presque un mois d’IVV grâce aux colliers de détection de chaleur »

Les associés de la SCEA de la Pétignie ne regrettent pas d'avoir investi dans la technologie.

Pour Antoine Lepoittevin et Raphaël Failliot, le suivi repro a longtemps été un casse-tête : certains intervalles vêlage-vêlage atteignaient 600 jours. Sur les conseils de l’inséminateur, les associés ont tenté les colliers de détection de chaleur : résultats concluants !

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Sur la SCEA de la Petignie, la repro a longtemps été le gros point noir de la gestion de troupeau. « J’en étais malade de voir arriver l’inséminateur pour le contrôle de gestation », se remémore Antoine Lepoittevin, installé sur la structure depuis 2019.

J’avais des vaches à 7 ou 8 paillettes qui étaient toujours vides à 400 jours après vêlage

Avec un IVV moyen à 407 jours, les chaleurs discrètes et peu expressives des vaches plombaient les performances du troupeau tout entier. « Crescendo, on se retrouvait à regarder passer les cycles. J’avais quelques vaches à 7 ou 8 paillettes qui étaient toujours vides à 400 jours après vêlage », détaille l’agriculteur, chez qui la reproduction était le premier motif de réforme.

D’autant que l’allongement des IVV pesait sur la production : « on misait sur la persistance autant que possible, mais forcément, passé un certain stade, le lait se faisait rare », ajoute Raphaël Failliot, son associé.

Face à l’étendue du problème, les associés ont multiplié les expérimentations. Un groupage de chaleur était réalisé en systématique à 150 jours après vêlage sur les vaches vides. Un taureau vasectomisé a même été introduit dans le troupeau, sans succès. « Il avait surtout tendance à sauter les vaches réformées », se rappelle Ludovic Baumel, inséminateur sur la structure pour la coopérative Coopelia-Pierry.

80 colliers SenseHub installés en 2023

Après plusieurs années de tâtonnement, les associés ont misé sur les colliers de détection de chaleur en 2023. 80 colliers, pour un montant de 15 000 € ont ainsi fait leur arrivée sur la ferme.

Dès l’installation des colliers, les éleveurs ont fait confiance aux algorithmes. « Quand ça sonnait, on appelait systématiquement l’inséminateur, sans même aller voir les vaches ». Malgré l’absence de signe visible, Ludovic Baumel confirmait l’alerte donnée par le dispositif.

« Après un mois d’utilisation, 25 vaches et 32 génisses ont été inséminées. Quelques semaines plus tard, elles étaient toutes pleines », se souvient l’associé. Aujourd’hui, l’objectif d’un veau par vache et par an est atteint pour près de 90 % du troupeau. Les colliers de détection ont permis de gagner 25 jours sur l’IVV moyen.

Maintenant, j’arrive à faire du vêlage 24 mois

Avec le temps, l’éleveur a appris à appréhender l’algorithme. « Je m’en sers également comme détecteur de vêlage. Lorsqu’une vache met bat, forcément, elle bouge moins et ça se voit sur les courbes ».

Le dispositif leur a également permis de sauter le pas du vêlage 24 mois, d’autant plus que « les génisses de 3 ans étaient un peu grasses pour vêler et rentrer au robot », confesse l’éleveur. « Maintenant, on peut vraiment piloter la reproduction, faire du génotypage, de la semence sexée », ajoute Ludovic. « Avant, on gérait surtout les problèmes de détection de chaleur ».

Et cela s’en ressent sur la production laitière. En cinq ans, les associés sont passés de 28 kg de lait par vache et par jour, à 32 kg.

Autre avantage, le collier SenseHub premium donne un aperçu de l’état de santé des animaux. « Il évalue les critères d’activité, d’alimentation, de rumination, et de stress thermique », détaille Antoine. Le système permet de déceler des comportements anormaux traduisant des problèmes métaboliques tels que des fièvres de lait, boiteries, l’acidose ou encore l’anœstrus si aucun cycle n’est identifié. Cette fonctionnalité a permis de réaliser des économies sur les frais vétérinaires, en traitant des pathologies avant même l’apparition de symptômes visibles à l’œil de l’éleveur.

Le suivi de l’activité individuelle des animaux a même permis de repérer un dysfonctionnement dans le système d’alimentation en place. Un pic d’activité a été observé au moment du rapprochement de la ration sur la table d’alimentation, traduisant une période où le fourrage n’était plus accessible par les animaux. La question de l’investissement dans un robot repousse fourrage se pose aujourd’hui.

20 boucles connectées achetées en 2024

En octobre 2024, les associés ont décidé d’investir 2 800 € pour 20 boucles Sensehub à destination des génisses exclusivement. Sensiblement plus chères, elles sont avant tout plus faciles d’utilisation. « Plus besoin de bouger les colliers », résume Antoine. La durée de vie de la batterie est de 7 ans pour les colliers contre 5 pour les boucles. « L’idée c’est que chaque génisse ait sa boucle à vie. Le collier est mis à 12 mois, avant la première IA, puis retiré quand elles sont pleines », détaille l’éleveur, « la boucle est ensuite posée avant le vêlage » poursuit-il : une manière d’économiser quelques mois de batterie.

La technologie, c’est un gros point fort aujourd’hui pour être performant

Aux données des colliers s’ajoutent celles issues de robots de traite. « Je les mets en parallèle pour identifier les animaux à problème », précise Antoine. « Ces technologies donnent accès à un certain confort au travail », déclarent-ils,

Ces investissements constituent également une manière de pallier le manque de main-d’œuvre, qui se fait de plus en plus problématique. « La Marne n’est plus vraiment une terre d’élevage, alors il faut trouver des solutions pour produire autrement ».

Car au-delà du travail, ces problématiques influent sur la vie privée : « j’ai une épouse, un enfant de quatre ans… La technologie, c’est aussi une solution pour passer du temps en famille ». Même si l’éleveur le confesse « les écrans ne peuvent pas tout. Il y a toujours des fois où il faudra être deux pour tirer sur la vêleuse ».

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